Alpelisib : Un traitement prometteur contre le cancer du sein masculin
                                                oct., 25 2025
                        Points clés
- Alpelisib cible la mutation PIK3CA, fréquente dans le cancer du sein masculin.
 - Il s’associe souvent à la fulvestrant pour bloquer l’estrogène.
 - Les effets secondaires les plus courants sont l’hyperglycémie et les éruptions cutanées.
 - Le traitement est approuvé par la FDA depuis 2022 et par l’EMA en 2024.
 - Une prise en charge multidisciplinaire reste indispensable.
 
Le cancer du sein masculin représente moins de 1 % de tous les cancers du sein, mais son diagnostic tardif le rend souvent plus agressif. Vous avez sûrement entendu parler des hormonothérapies classiques : tamoxifène, aromatase inhibiteurs… Mais qu’en est‑il des nouvelles thérapies ciblées ? C’est justement le sujet d’aujourd’hui : comment Alpelisib pourrait changer la donne.
Pourquoi le cancer du sein chez les hommes est-il différent ?
Chez les hommes, le tissu mammaire est limité à quelques canaux résiduels, ce qui explique la rareté des tumeurs. Quand elles apparaissent, elles sont le plus souvent de type ductal invasif et très dépendantes des hormones sexuelles. La plupart des tumeurs expriment les récepteurs d’estrogènes (ER+) et parfois le récepteur HER2. Une particularité souvent négligée, c’est la forte prévalence de la mutation PIK3CA : environ 30 % des cas, selon une étude publiée en 2023 dans le *Journal of Clinical Oncology*.
Alpelisib en bref : mécanisme d’action et indications
Alpelisib est un inhibiteur sélectif de la sous‑unité α de la phosphatidylinositol‑3‑kinase (PI3Kα). En bloquant la voie PI3K/AKT/mTOR, il empêche la prolifération cellulaire déclenchée par la mutation PIK3CA. Le médicament a d’abord été approuvé pour les cancers du sein hormono‑dépendants chez les femmes, puis, après les premiers résultats prometteurs chez les hommes, la FDA et l’EMA ont élargi l’indication en 2022 et 2024 respectivement.
Comment se place Alpelisib parmi les options existantes ?
| Traitement | Mécanisme | Indication principale | Administration | Effets secondaires majeurs | 
|---|---|---|---|---|
| Alpelisib + Fulvestrant | Inhibition PI3Kα + antagoniste des récepteurs d’estrogène | tumeurs ER+ / PIK3CA‑mutées | Oral quotidien + injection intramusculaire mensuelle | Hyperglycémie, rash cutané, diarrhée | 
| Tamoxifène | Modulateur sélectif des récepteurs d’estrogène | tumeurs ER+ | Oral quotidien | Thromboembolie, chaleur, nausées | 
| Inhibiteur CDK4/6 (ex. Palbociclib) | Blocage du cycle cellulaire (G1‑S) | tumeurs ER+ avancées | Oral quotidien (21j/28j) | Neutropénie, fatigue, anémie | 
| Trastuzumab | Anticorps anti‑HER2 | tumeurs HER2‑positives | Perfusion IV hebdomadaire puis mensuelle | Cardiotoxicité, réaction infusion | 
Le tableau montre clairement qu’Alpelisib n’est pas destiné à remplacer les traitements classiques ; il vient en complément, surtout quand la mutation PIK3CA est détectée. En pratique, on le prescrit avec la fulvestrant pour couvrir à la fois la voie hormonale et la voie PI3K.
Qui devrait envisager Alpelisib ? - Critères de sélection
- Statut ER+ : le test immunohistochimique doit être positif.
 - Présence d’une mutation PIK3CA : séquençage ADN du tissu tumoral ou biopsie liquide.
 - Absence de diabète mal contrôlé : l’hyperglycémie induite par Alpelisib peut être dangereuse.
 - Bonne fonction hépatique et rénale : dosage des enzymes hépatiques < 2,5 × la normale.
 
Un patient qui remplit ces critères a plus de chances de répondre durablement, d’après la cohorte française de 2024 (n = 58 hommes) où le taux de réponse objective était de 45 %.
Gestion des effets secondaires : conseils pratiques
Le principal souci des cliniciens est l’hyperglycémie. Avant d’entamer le traitement, on mesure le HbA1c et on conseille un régime à indice glycémique bas. Si la glycémie dépasse 180 mg/dL, on introduit un metformine à dose basse et on ajuste la dose d’Alpelisib. Les éruptions cutanées apparaissent souvent dans les deux premières semaines ; un antihistaminique oral et une crème à base de cortisone de classe II suffisent généralement.
Un autre point crucial : surveiller les taux de cholestérol et de triglycérides, car une élévation modérée est fréquente. Un suivi mensuel pendant les trois premiers mois, puis tous les deux mois, est recommandé.
Parcours de prise en charge - de la biopsie au suivi
- Diagnostic initial : mammographie + échographie + biopsie. L’analyse inclut les récepteurs hormonaux, HER2 et le panel génétique PIK3CA.
 - Discussion multidisciplinaire : oncologue, endocrinologue, chirurgien, nutritionniste.
 - Lancement du traitement : Alpelisib 300 mg/j + Fulvestrant 500 mg IM tous les 28 jours.
 - Contrôles biologiques : glycémie, HbA1c, fonctions hépatiques chaque 2 semaines pendant le premier mois, puis chaque mois.
 - Imagerie de suivi : TEP‑CT ou IRM mammaire tous les 3 mois pour évaluer la réponse.
 - Ajustement : diminution de la dose à 250 mg si effets indésirables majeurs, suspension si hyperglycémie >250 mg/dL persistante.
 
Ce schéma assure une prise en charge sécurisée tout en maximisant les chances de réponse tumorale.
Questions fréquentes des patients
Alpelisib est‑il curatif ?
Actuellement, Alpelisib est considéré comme une thérapie ciblée qui prolonge la survie sans métastase, mais il ne guérit pas la maladie. Les études montrent un gain médian de 8 à 11 mois de survie sans progression.
Dois‑je arrêter mon traitement si je tombe malade du COVID‑19 ?
En cas d’infection sévère, il est recommandé de suspendre temporairement Alpelisib, car le médicament peut affecter la réponse immunitaire. Consultez toujours votre oncologue avant de prendre une décision.
Quel est le coût du traitement en France ?
Le prix officiel d’Alpelisib (300 mg) est d’environ 9 500 € par mois. La prise en charge par l’Assurance Maladie dépend du stade de la maladie et de la présence d’une mutation PIK3CA confirmée.
Puis‑je combiner Alpelisib avec un autre inhibiteur CDK4/6 ?
Les essais cliniques en cours évaluent cette combinaison, mais pour l’instant les données suggèrent un risque accru de neutropénie. La combinaison standard reste Alpelisib + Fulvestrant.
Quels suivis nutritionnels sont recommandés ?
Un régime pauvre en sucres simples, riche en fibres et en protéines aide à contrôler l’hyperglycémie induite par Alpelisib. Un nutritionniste peut proposer un plan adapté, notamment en cas de prise de poids liée au traitement.
Perspectives d’avenir
Des essais de troisième génération (Alpelisib + immunothérapie anti‑PD‑1) sont déjà lancés en Europe. Si les résultats confirment une synergie, on pourrait voir le traitement devenir la référence pour les cancers du sein hormonodépendants, hommes ou femmes, dès le stade métastatique.
En attendant, la clé du succès reste le dépistage précoce de la mutation PIK3CA et la prise en charge coordonnée entre oncologie médicale et soins de soutien.
Récapitulatif pratique pour les patients
- Faire tester la mutation PIK3CA dès le diagnostic.
 - Si ER+ et PIK3CA‑muté, discuter d’un protocole Alpelisib + Fulvestrant avec votre équipe.
 - Contrôler glycémie et fonctions hépatiques dès le premier jour de traitement.
 - Signaler rapidement toute éruption cutanée ou fatigue inhabituelle.
 - Planifier un suivi d’imagerie tous les 3 mois pour mesurer la réponse.
 
En suivant ces étapes, vous maximisez vos chances de vivre plus longtemps avec une meilleure qualité de vie.