Comment repérer les conseils médicaux dangereux sur les réseaux sociaux

Comment repérer les conseils médicaux dangereux sur les réseaux sociaux nov., 19 2025

Vous avez vu cette vidéo sur TikTok : une personne dit que prendre du vinaigre de cidre tous les matins guérit l’arthrite. Ou peut-être un post Instagram où un « coach de santé » recommande de remplacer votre traitement contre le diabète par des herbes « secrètes » que personne d’autre ne connaît. Ces contenus sont partout. Et ils peuvent être mortels.

Les conseils médicaux sur les réseaux sociaux ne sont pas des ordonnances

Les réseaux sociaux ne sont pas des cliniques. Un influencer avec 500 000 abonnés n’est pas un médecin. Pourtant, des milliers de personnes suivent leurs conseils sur les médicaments, les suppléments ou les traitements. En 2023, près de 60 % des Américains ont utilisé Internet pour chercher des informations sur leur santé - et beaucoup de ces contenus sont faussement présentés comme scientifiques. Pendant la pandémie, l’Organisation mondiale de la santé a parlé d’« infodémie » : une vague de désinformation qui a fait plus de dégâts que le virus lui-même. Et ça continue.

La plupart des gens ne réalisent pas que les algorithmes des réseaux sociaux ne cherchent pas à vous informer. Ils cherchent à vous retenir. Si vous cliquez sur une vidéo qui dit que « la metformine est un poison », l’algorithme va vous en montrer d’autres du même genre. Et vous finissez dans une bulle où tout ce que vous voyez confirme vos peurs - même si c’est faux.

Cinq signes d’un conseil médical dangereux

Voici cinq signaux d’alerte clairs que vous devez reconnaître avant d’agir sur un conseil trouvé en ligne :

  1. La personne ne est pas un professionnel de santé agréé. Aucun pharmacien, médecin ou infirmier ne peut légalement donner des conseils médicaux à des inconnus sur les réseaux sociaux. Si quelqu’un dit « J’ai guéri mon cancer avec du bicarbonate », mais qu’il n’a jamais eu de diplôme médical, c’est un danger.
  2. Il y a un produit à vendre. Beaucoup de contenus sont payés. Un « expert » qui recommande une gélule spécifique, un complément ou une cure « exclusive » ? Il est probable qu’il reçoit une commission. La loi exige qu’il le dise, mais la plupart ne le font pas. Regardez les commentaires : « Merci pour le lien ! J’ai commandé ! » - c’est un indicateur clair.
  3. On parle de « guérison miracle » ou de « secret ». Si quelqu’un prétend avoir trouvé une solution que les médecins cachent, c’est de la fiction. Les vraies découvertes médicales sont publiées dans des revues scientifiques, pas dans des stories Instagram. Si vous ne trouvez pas ce conseil sur le site du CDC, de l’OMS ou de la FDA, il est presque certainement faux.
  4. Le conseil ignore votre histoire médicale. Ce qui fonctionne pour un homme de 45 ans avec un diabète bien contrôlé peut tuer une femme de 70 ans avec une insuffisance rénale. Les réseaux sociaux ne connaissent pas votre historique. Un traitement qui semble inoffensif peut interagir avec vos médicaments, vos allergies ou vos maladies chroniques.
  5. Les commentaires sont remplis d’émotions, pas de faits. Si tout le monde dit « C’est la meilleure chose qui m’est arrivée ! » sans jamais citer une étude, un médecin ou une source, c’est du témoignage, pas de la science. Les preuves médicales viennent d’essais cliniques, pas de témoignages personnels.
Une femme regarde son téléphone dans une cuisine, des ombres menaçantes formant des avertissements médicaux.

Comment vérifier un conseil avant de l’appliquer

Avant de prendre n’importe quel médicament ou supplément recommandé en ligne, suivez ces trois étapes :

  1. Identifiez la source. Qui est la personne qui donne le conseil ? Cherchez son nom sur Google. Est-ce un médecin ? Un pharmacien ? Un chercheur ? Si vous ne trouvez rien de vérifiable, c’est un avertissement.
  2. Comparez avec trois sources fiables. Ne vous fiez pas à une seule source. Consultez le site du CDC, de la FDA, ou du Centre national de la santé en France. Vérifiez aussi des revues médicales comme The Lancet ou NEJM. Si les trois disent la même chose, alors le conseil peut être fiable. Si elles ne le mentionnent pas du tout, c’est un signal rouge.
  3. Parlez à votre médecin ou pharmacien. C’est la seule façon d’être sûr. Montrez-leur le post, la vidéo, ou le lien. Ils savent ce que vos médicaments font, ce qui peut interagir, et ce qui est dangereux pour votre corps. Ils ne jugent pas. Ils protègent.

Un exemple réel : en 2023, un tiktok viral a recommandé de prendre de la mélatonine en très fortes doses pour « nettoyer le cerveau ». Des centaines de personnes l’ont fait. Résultat ? Des cas d’arythmie, de nausées sévères et d’effets secondaires prolongés. Aucun médecin n’a jamais recommandé cette pratique. Mais l’algorithme l’a rendue populaire.

Les plateformes ne font pas assez - vous devez agir

Facebook, Instagram et Twitter ont mis en place des systèmes pour signaler les contenus trompeurs. Mais ces outils ne sont pas parfaits. Un post peut rester en ligne des semaines avant d’être vérifié. Et même quand il est étiqueté « désinformation », beaucoup de gens ne le voient pas.

La meilleure défense ? Ne partagez pas ce que vous ne vérifiez pas. Si vous voyez un conseil dangereux, signalez-le. Écrivez un commentaire : « Cette info n’est pas vérifiée. Consultez votre médecin. » Vous ne sauvez pas seulement votre propre santé - vous protégez aussi quelqu’un d’autre.

Les adolescents sont particulièrement vulnérables. Une étude publiée dans JAMA Pediatrics en 2023 montre que les jeunes qui consomment beaucoup de contenus santé sur les réseaux sociaux sont plus susceptibles de modifier ou d’arrêter leurs traitements sans avis médical. Ce n’est pas de la négligence - c’est une manipulation. Les algorithmes ciblent leur curiosité, leur vulnérabilité, leur besoin d’être accepted.

Une famille regarde un site de santé fiable, tandis que des silhouettes trompeuses murmurent dans leurs oreilles.

Comment protéger votre famille

Ne laissez pas les réseaux sociaux prendre la place de votre médecin. Parlez à vos enfants, à vos parents, à vos proches. Montrez-leur comment vérifier une information. Enseignez-leur à demander : « Qui a écrit ça ? Où est la preuve ? Qui en profite ? »

Suivez des comptes fiables : le ministère de la Santé, l’Institut national de la santé, les hôpitaux universitaires. Ils publient des contenus clairs, vérifiés, sans hype. Évitez les comptes qui utilisent des mots comme « miracle », « secret », « interdit », ou « les médecins ne veulent pas que vous sachiez ça ».

La désinformation médicale tue. Pas toujours de façon spectaculaire. Souvent, elle tue lentement : en retardant un traitement, en provoquant une réaction allergique, en détruisant la confiance dans les soins. Vous n’avez pas besoin d’être un expert pour vous protéger. Vous avez juste besoin de poser deux questions : Est-ce vrai ? Et qui en profite ?

Le meilleur remède ? La vérification avant l’action

Il n’y a pas de formule magique. Pas de pilule miracle. Pas de secret caché. La seule chose qui marche, c’est la vérification. Prenez cinq minutes. Cherchez. Comparez. Consultez. Parlez à un professionnel.

Chaque fois que vous voyez un conseil médical sur les réseaux sociaux, imaginez que c’est une ordonnance. Vous ne la rempliriez pas sans la lire, sans la comprendre, sans en parler à quelqu’un qui sait. Alors pourquoi le feriez-vous en ligne ?

La santé n’est pas un trend. Elle n’est pas faite pour être viral. Elle est trop précieuse pour être laissée aux algorithmes.

Comment savoir si un influencer sur les réseaux sociaux est un professionnel de santé légitime ?

Vérifiez son nom sur les sites officiels : le conseil de l’ordre des médecins, des pharmaciens ou des infirmiers. En France, vous pouvez consulter le site du Conseil national de l’ordre des médecins ou du Conseil de l’ordre des pharmaciens. Si vous ne trouvez pas son nom dans les registres publics, il n’est pas agréé. Même s’il dit « Docteur » ou « Expert en santé », ce n’est pas suffisant.

Les compléments alimentaires recommandés sur TikTok sont-ils sûrs ?

Pas nécessairement. Les compléments alimentaires ne sont pas soumis aux mêmes contrôles que les médicaments. Un produit peut contenir des substances interdites, des doses excessives, ou des contaminants. En 2023, la DGCCRF a saisi plus de 2 000 produits vendus en ligne comme « naturels » ou « miracles » - dont certains contenaient des médicaments prescrits sans autorisation. Ne prenez jamais un complément sans en parler à votre médecin.

Pourquoi les réseaux sociaux favorisent-ils les conseils médicaux dangereux ?

Les algorithmes privilégient les contenus émotionnels : la peur, la colère, l’espoir. Un post qui dit « J’ai guéri mon cancer avec du jus de citron » génère plus de clics qu’un article scientifique sur les traitements validés. Les plateformes gagnent de l’argent avec votre attention, pas avec votre santé. Ce n’est pas un bug - c’est une fonction.

Que faire si j’ai déjà suivi un conseil dangereux ?

Arrêtez immédiatement. Notez ce que vous avez pris, quand et combien. Contactez votre médecin ou votre pharmacien dès que possible. En cas d’urgence, appelez le 15 ou le centre antipoison. Même si vous vous sentez bien, certaines réactions peuvent apparaître des jours plus tard. Ne vous sentez pas coupable. Ce n’est pas votre faute si le contenu était trompeur. Ce qui compte, c’est d’agir maintenant.

Les autorités sanitaires font-elles quelque chose contre cette désinformation ?

Oui, mais lentement. En France, l’ANSM surveille les contenus médicaux en ligne et peut demander la suppression de pages dangereuses. L’ARS et le ministère de la Santé publient régulièrement des alertes. Mais la loi ne permet pas de bloquer tout contenu en amont. C’est pourquoi la vigilance individuelle reste essentielle. La meilleure arme, c’est vous : quand vous signalez, vous vérifiez, vous partagez des sources fiables, vous aidez à réduire la propagation.