Ketorolac : avantages, effets secondaires et précautions d’emploi
oct., 19 2025
Points clés
- Le ketorolac est un AINS très puissant, recommandé surtout pour les douleurs aiguës post‑opératoires.
- Il agit en bloquant les enzymes COX‑1 et COX‑2, réduisant ainsi la synthèse des prostaglandines responsables de la douleur et de l’inflammation.
- Les principaux effets indésirables concernent le tube digestif (ulcères, saignements) et les reins (insuffisance aiguë).
- Une utilisation limitée à 5 jours et une surveillance médicale sont essentielles pour éviter les complications graves.
- Comparé à l’ibuprofène, le ketorolac offre un soulagement plus rapide mais possède un risque gastro‑intestinal plus élevé.
Qu’est‑ce que le ketorolac ?
Dans les bases de données pharmacologiques, Ketorolac est un anti‑inflammatoire non stéroïdien (AINS) de la famille des dérivés pyrrolésiques, utilisé principalement comme analgésique puissant pour les douleurs modérées à sévères. Commercialisé depuis les années 1990, il se présente sous forme de comprimés, de gouttes oculaires et d’injections intraveineuses ou intramusculaires.
Comment le ketorolac agit‑il ?
Le médicament inhibe de façon réversible les enzymes cyclo‑oxygénases COX‑1 et COX‑2. Cette inhibition diminue la production de prostaglandines, des molécules qui provoquent la dilatation des vaisseaux, la fièvre et la sensibilisation des terminaisons nerveuses. En limitant ces médiateurs, le ketorolac réduit la douleur, l’inflammation et la fièvre.
Principaux avantages thérapeutiques
- Action rapide : l’effet analgésique apparaît en 30 à 60 minutes après administration orale ou intraveineuse, ce qui le rend idéal en salle de réveil.
- Efficacité supérieure pour la douleur aiguë : des études cliniques démontrent que le ketorolac réduit l’intensité de la douleur post‑opératoire de 30 % à 40 % plus que l’ibuprofène standard.
- Utilisation courte mais puissante : recommandé pour une durée maximale de 5 jours, limitant l’exposition aux risques liés aux AINS.
- Alternative aux opioïdes : il permet de diminuer la consommation d’opioïdes, réduisant ainsi les effets indésirables associés (nausées, constipation, risque de dépendance).
Effets secondaires les plus fréquents
Comme tout AINS, le ketorolac présente une série d’effets indésirables. Les plus courants sont :
- Gastro‑intestinaux : douleurs abdominales, dyspepsie, gastrite, et dans les cas sévères, ulcères ou saignements du tube digestif.
- Rénaux : diminution du débit de filtration glomérulaire, risque d’insuffisance rénale aiguë, surtout chez les patients déshydratés ou atteints de maladie rénale chronique.
- Cardiovasculaires : augmentation du risque d’hypertension et d’événements thromboemboliques chez les patients à haut risque cardiovasculaire.
- Hématologiques : allongement du temps de saignement, thrombocytopénie rare.
- Neurologiques : céphalées, vertiges, parfois confusions dans les extrémités de la dose.
Facteurs de risque et précautions d’emploi
Avant de prescrire le ketorolac, le médecin doit vérifier plusieurs critères :
- Antécédents d’ulcère gastroduodénal ou de saignement gastrointestinal.
- Insuffisance rénale ou hépatique sévère.
- Pathologies cardiovasculaires (hypertension non maîtrisée, antécédents d’infarctus).
- Utilisation concomitante d’autres AINS, d’anticoagulants (warfarine, anticoagulants directs) ou de corticoïdes.
- Grossesse (catégorie C) : le ketorolac est contre‑indiqué au troisième trimestre.
En présence de l’un de ces facteurs, le médecin peut choisir un autre analgésique ou un AINS avec un profil de sécurité différent.
Posologie et modes d’administration
| Âge / Population | Voie orale | Voie parentérale (IV/IM) |
|---|---|---|
| Adultes (≥ 18 ans) | 10 mg toutes les 4‑6 h - max 40 mg/24 h | 30 mg toutes les 6 h - max 120 mg/24 h |
| Patients ≥ 65 ans (ou insuffisance rénale) | 5 mg toutes les 6 h - max 20 mg/24 h | 15 mg toutes les 6 h - max 60 mg/24 h |
| Enfants < 16 ans | Non recommandé - pas d’autorisation officielle | Non recommandé - alternatives préférées |
La durée maximale de traitement est de 5 jours consécutifs. Au‑delà, le risque d’effets indésirables augmente de façon significative.
Comparaison avec d’autres AINS
| Critère | Ketorolac | Ibuprofène |
|---|---|---|
| Puissance analgésique | Très forte (équivalent à opioid‑type : 10 mg ≈ 10 mg morphine) | Modérée (10 mg ≈ 5 mg paracétamol) |
| Début d’action | 30‑60 min (IV) | 1‑2 h (oral) |
| Durée du traitement recommandée | ≤ 5 jours | ≤ 10 jours (souvent plus) |
| Risque gastro‑intestinal | Élevé (ulcères, saignements) | Modéré (peut être atténué par un inhibiteur de pompage protonique) |
| Risque rénal | Significatif, surtout chez déshydratés | Moindre, mais présent |
Le choix entre les deux dépend du contexte : si la priorité est un soulagement ultra‑rapide après une chirurgie, le ketorolac l’emporte ; si le patient présente un risque gastro‑intestinal, l’ibuprofène ou un AINS à faible risque gastro‑intestinal sera préféré.
Quand éviter le ketorolac ?
Il faut absolument ne pas administrer le ketorolac dans les situations suivantes :
- Ulceration ou perforation du tube digestif actif.
- Insuffisance rénale aiguë ou chronique sévère (clairance de créatinine < 30 mL/min).
- Antécédents de réaction allergique sévère aux dérivés pyrrolésiques.
- Co‑administration avec des anticoagulants oraux directs (apixaban, rivaroxaban) ou héparine à dose thérapeutique.
- Grossesse au troisième trimestre ou allaitement (excrétion dans le lait maternel).
Conseils pour minimiser les risques
- Utilisez la dose la plus faible fonctionnelle et limitez la durée à 5 jours.
- Assurez une bonne hydratation avant et pendant le traitement.
- Évaluez la fonction rénale (créatinine sérique) avant de commencer.
- Envisagez un traitement de protection gastrique (inhibiteur de la pompe à protons) si le patient a des antécédents de troubles digestifs.
- Surveillez les signes d’ulcération : douleurs épigastriques, vomissements hématémèses, selles noires.
- En cas de douleur persistante au-delà de 5 jours, passez à un analgésique de deuxième ligne ou à un opioïde de courte durée sous contrôle médical.
Résumé pratique pour le patient
Le ketorolac offre un soulagement rapide et puissant pour les douleurs aiguës, notamment après une intervention chirurgicale. Cependant, il comporte des risques gastro‑intestinaux et rénaux qui exigent une utilisation courte, une dose adaptée et un suivi médical. En suivant les précautions listées, vous profitez de ses bienfaits tout en limitant les complications.
Le ketorolac peut‑il être pris avec de l’alcool ?
Il est déconseillé de mélanger le ketorolac avec l’alcool, car l’alcool aggrave les effets irritants sur l’estomac et augmente le risque d’hémorragie gastro‑intestinale.
Quelle est la différence entre le ketorolac oral et injectable ?
L’injection atteint le sang immédiatement, offrant un soulagement en 30 minutes, alors que la forme orale met 1‑2 heures à se faire absorber. La dose injectable est généralement plus élevée, mais les deux formes partagent les mêmes limites de durée.
Puis‑je remplacer le ketorolac par du paracétamol en cas de douleur légère ?
Oui, pour des douleurs légères à modérées, le paracétamol est souvent suffisant et présente un profil de sécurité beaucoup plus favorable, surtout chez les patients à risque d’ulcères ou d’insuffisance rénale.
Le ketorolac est‑il compatible avec les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ?
Oui, les IPP comme l’oméprazole peuvent être prescrits en prévention pour réduire le risque d’ulcère gastrique chez les patients qui doivent prendre du ketorolac.
Que faire en cas de vomissements de sang pendant le traitement au ketorolac ?
Il s’agit d’une urgence médicale. Arrêtez immédiatement le médicament, appelez les services d’urgence et informez le personnel que le patient prend du ketorolac.