Règles antidopage pour les athlètes : médicaments sur ordonnance et effets secondaires à connaître
oct., 10 2025
Les athlètes ne peuvent pas simplement prendre leur médicament comme tout le monde
Vous prenez un traitement pour l’asthme, le diabète ou une inflammation chronique ? Si vous êtes athlète, même amateur, vous ne pouvez pas ignorer les règles antidopage. Un simple comprimé, une inhalation ou une perfusion peut vous coûter votre carrière. La liste interdite WADA contient plus de 250 substances, et beaucoup de celles-ci sont présentes dans des médicaments courants sur ordonnance. Ce n’est pas une question de mauvaise foi : c’est une question de connaissance. Et malheureusement, beaucoup d’athlètes apprennent la dure façon que leur médecin n’a pas vérifié leur ordonnance.
Le principe de responsabilité stricte : vous êtes seul responsable
Quand un athlète teste positif pour une substance interdite, il n’y a pas d’excuse. Même si vous n’avez pas eu l’intention de tricher. Même si votre médecin vous l’a prescrit. Même si vous avez pris le médicament en dehors de la compétition. La règle est claire : vous êtes responsable de tout ce qui entre dans votre corps. C’est ce qu’on appelle le principe de responsabilité stricte, inscrit dans le Code mondial antidopage depuis 2003 et encore en vigueur en 2025.
Un athlète de l’NCAA a perdu une saison entière parce qu’il avait pris un traitement contre le TDAH qui contenait de l’amphétamine. Il pensait que c’était autorisé parce qu’il avait déjà pris le médicament avant. Il n’avait pas vérifié la liste. Il n’avait pas demandé de TUE. Il n’a pas été sanctionné pour tricherie - mais pour négligence. Et la sanction a été la même : une suspension de deux ans.
Quels médicaments sont vraiment interdits ?
La liste interdite WADA ne se limite pas aux stéroïdes ou aux hormones de croissance. Elle inclut aussi des médicaments que des milliers d’athlètes prennent chaque jour :
- Corticoïdes (prednisone, methylprednisolone) : interdits par voie orale, intramusculaire ou intraveineuse en compétition. Autorisés en inhalation pour l’asthme, mais avec des limites strictes.
- Bêta-2-agonistes (salbutamol, formotérol) : autorisés en inhalation jusqu’à 1600 microgrammes sur 24 heures. Au-delà, c’est une violation. L’intraveineux est interdit à tout moment.
- Insuline : interdite en compétition pour les non-diabétiques. Pour les diabétiques, un TUE est obligatoire.
- Stimulants (adderall, methylphenidate) : interdits en compétition. Beaucoup d’athlètes avec TDAH doivent demander un TUE - et la procédure peut prendre des mois.
- Diurétiques : interdits à tout moment. Utilisés pour perdre du poids rapidement ou masquer d’autres substances, ils sont fortement surveillés.
La confusion vient souvent du mode d’administration. Un inhalateur de salbutamol est autorisé. Une gélule de salbutamol, non. Une crème de corticoïde est autorisée. Une injection, non. Il n’y a pas de place pour l’approximation.
Le TUE : votre seul recours légal
Si vous avez besoin d’un médicament interdit pour une condition médicale réelle, il existe une voie légale : la demande d’exemption d’utilisation thérapeutique (TUE). Ce n’est pas un permis de tricher. C’est un droit médical reconnu - à condition de remplir des critères stricts.
Pour obtenir un TUE, vous devez prouver :
- Que vous avez un diagnostic médical validé (ex : asthme, diabète, hypothyroïdie).
- Que le médicament interdit est nécessaire pour vous ramener à un état de santé normal - pas pour vous améliorer au-delà.
- Que vous n’avez pas d’alternative autorisée efficace.
- Que le médicament ne donne pas un avantage injuste à d’autres athlètes.
Les données de l’USADA en 2023 montrent que 94 % des demandes de TUE pour les athlètes nationaux sont approuvées - mais seulement si les dossiers sont complets. 78 % des refus initiaux viennent d’un manque de preuves médicales : pas de bilan sanguin, pas d’historique de traitement, pas de lettre du médecin.
Qui doit demander un TUE ?
La réponse dépend de votre niveau :
- Athlètes internationaux : demandez directement à votre fédération internationale (ex : World Athletics, FINA).
- Athlètes nationaux : contactez votre organisation nationale antidopage (ex : ACNAD en France, USADA aux États-Unis).
- Athlètes récréatifs : si vous participez à une compétition organisée par une fédération reconnue, vous êtes aussi concerné. Même si vous ne faites pas partie du panel de test.
Le délai moyen de traitement d’un TUE est de 18,7 jours aux États-Unis, et 21 jours en Europe. Mais si vous êtes en urgence médicale (ex : crise d’asthme juste avant une compétition), vous pouvez demander un TUE d’urgence - et il sera traité en 72 heures. Attention : vous devez le demander avant de prendre le médicament. Retarder la demande est une erreur courante - et souvent fatale.
Comment vérifier vos médicaments ?
Il existe un outil gratuit, simple et fiable : Global DRO. C’est la base de données mondiale qui vous permet de vérifier si un médicament est autorisé ou non, selon votre pays, votre sport et votre voie d’administration.
Voici comment l’utiliser :
- Allez sur globaldro.com (site en anglais, mais interface intuitive).
- Sélectionnez votre pays (ex : France).
- Sélectionnez votre sport (ex : natation, athlétisme, cyclisme).
- Entrez le nom du médicament (ex : Ventolin, Prednisone).
- Indiquez la forme (inhalateur, comprimé, sirop).
Le résultat vous dit : “Permitted”, “Permitted in-competition only”, ou “Prohibited”. Si c’est “Prohibited”, vous devez demander un TUE. Si c’est “Permitted in-competition only”, vous ne pouvez pas le prendre avant la compétition - sauf si vous avez un TUE.
Global DRO est mis à jour chaque mois. Il couvre plus de 1200 médicaments dans 10 pays. Mais attention : il ne couvre pas les compléments alimentaires, les produits naturels ou les médicaments non commercialisés. Si vous n’êtes pas sûr, demandez à votre NADO.
Les effets secondaires : un risque caché
Prendre un médicament interdit n’est pas seulement un risque de suspension. C’est aussi un risque pour votre santé.
Les corticoïdes oraux, pris sur le long terme, peuvent provoquer :
- Une insuffisance surrénale
- Une ostéoporose
- Une prise de poids rapide
- Des troubles du sommeil et de l’humeur
Les bêta-2-agonistes en surdosage peuvent causer :
- Des arythmies cardiaques
- Des crampes musculaires
- Une hypertension
Le Dr Richard Budgett, directeur médical de la WADA, souligne que 28,7 % de toutes les demandes de TUE concernent les corticoïdes, et 21,3 % les traitements pour l’asthme. Ces chiffres montrent que ces médicaments sont courants - et qu’ils doivent être utilisés avec une extrême prudence. Un athlète qui prend un inhalateur au-delà des limites autorisées n’est pas un tricheur - il se met en danger lui-même.
Les médecins ne savent pas toujours
Une étude de 2022 a montré que 68 % des médecins qui prescrivent à des athlètes ne connaissent pas la liste interdite WADA. Même si 89 % pensent qu’ils devraient la connaître.
Un médecin peut vous prescrire un médicament qui est interdit - sans le savoir. Et vous, vous le prenez, en croyant que c’est sûr. C’est ici que le système échoue. C’est pourquoi il est essentiel que vous :
- Apportiez à votre médecin la liste interdite WADA ou le lien vers Global DRO.
- Lui demandiez explicitement : “Est-ce que ce médicament est autorisé pour les athlètes ?”
- Ne vous contentiez pas de sa réponse verbale : vérifiez vous-même.
Le Collège des médecins de la Colombie-Britannique recommande désormais aux médecins de consulter la liste WADA avant chaque prescription à un athlète. Ce n’est pas une option. C’est une obligation éthique.
Les jeunes athlètes sont les plus vulnérables
Un sondage de l’USADA en 2023 a révélé que 28 % des jeunes athlètes (moins de 18 ans) ont arrêté un traitement médical essentiel - parce qu’ils avaient peur d’un test positif. Certains ont arrêté leur insuline. D’autres ont arrêté leur traitement contre l’asthme. Le résultat ? Des hospitalisations, des performances en chute libre, et des complications de santé évitables.
Les parents, eux aussi, sont mal informés. Beaucoup pensent que “si c’est interdit, il faut arrêter”. C’est faux. La bonne approche est : “si c’est interdit, il faut demander une exemption”. La santé passe avant la compétition - mais la compétition ne doit pas sacrifier la santé.
Que faire en pratique ?
Voici votre checklist simple, à suivre avant chaque prise de médicament :
- Vérifiez chaque médicament sur Global DRO avant de le prendre - même s’il est prescrit depuis des années.
- Informez votre médecin que vous êtes athlète. Donnez-lui la liste interdite.
- Calculez le temps d’élimination : les corticoïdes mettent 48 à 72 heures à sortir du corps. Les stimulants, quelques heures. Ne prenez pas un médicament interdit en compétition sans TUE.
- Demandez un TUE au moins 30 jours avant une compétition. Ne laissez pas ça au dernier moment.
- Conservez tous les documents médicaux, ordonnances, résultats d’analyse. Vous pourriez en avoir besoin pour une révision.
Et si vous avez un doute ? Contactez votre organisation antidopage nationale. En France, c’est l’ACNAD. Ils répondent par e-mail ou par téléphone. Pas de honte à poser la question. La honte, c’est de ne pas la poser.
Le futur : une meilleure intégration entre médecine et antidopage
La bonne nouvelle ? Les choses évoluent. L’Agence européenne des médicaments travaille avec la WADA pour afficher directement sur les emballages des médicaments : “Interdit pour les athlètes” ou “TUE requis”. Des essais en Allemagne et en Suisse ont réduit les erreurs involontaires de 45 %.
La WADA vise à réduire les violations liées aux médicaments de 30 % d’ici 2027 - pas en sanctionnant plus, mais en éduquant mieux. Les fédérations, les hôpitaux, les pharmacies : tous doivent jouer leur rôle.
Vous, athlète, ne devez pas être un cobaye. Vous êtes un patient. Et vous avez le droit d’être traité - sans risquer votre carrière. Mais ce droit, vous devez l’activer. Vous devez le réclamer. Vous devez le comprendre.
Puis-je prendre un médicament sur ordonnance si je ne suis pas un athlète de haut niveau ?
Oui, mais seulement si vous participez à une compétition organisée par une fédération reconnue (ex : championnat national, tournoi officiel). Même les athlètes récréatifs sont soumis aux règles antidopage dans ces contextes. Si vous ne participez à aucune compétition officielle, vous n’êtes pas soumis aux tests - mais vous devez toujours vérifier les médicaments si vous avez un doute. La responsabilité reste la même.
Un TUE est-il valable dans tous les pays ?
Oui, un TUE approuvé par une fédération internationale ou un NADO reconnu est valable dans le monde entier. Mais si vous partez en compétition à l’étranger, vérifiez que votre TUE est bien enregistré dans la base de données WADA. Certains pays demandent une copie papier ou une confirmation par e-mail. Ne partez pas sans cela.
Les compléments alimentaires sont-ils sûrs ?
Non. Global DRO ne couvre pas les compléments. Beaucoup contiennent des substances interdites non déclarées. Un étude a montré que 15 % des compléments vendus en ligne contenaient des stéroïdes ou des stimulants interdits. Si vous en prenez, choisissez uniquement ceux certifiés par Informed-Sport ou NSF Certified for Sport. Et même là, vérifiez chaque lot.
Combien de temps faut-il pour obtenir un TUE ?
En moyenne, 18 à 21 jours. Mais si vous avez un dossier complet (diagnostic, historique médical, résultats d’analyses), cela peut aller jusqu’à 7 jours. Pour les urgences médicales, la procédure est accélérée : 72 heures. Ne patientez pas jusqu’à la veille de la compétition. Commencez dès que vous savez que vous avez besoin du médicament.
Que se passe-t-il si je prends un médicament interdit sans TUE par erreur ?
Vous êtes en violation des règles antidopage. Vous pouvez faire l’objet d’une enquête, d’un test supplémentaire, et éventuellement d’une sanction - même si vous n’avez pas eu l’intention de tricher. La sanction peut aller d’un avertissement à une suspension de quatre ans, selon la gravité et votre historique. La seule façon d’éviter une sanction est de prouver que vous avez fait tous les efforts pour vérifier le médicament (ex : vous avez consulté Global DRO, vous avez contacté votre NADO, etc.). Mais ce n’est pas une garantie. La prévention est la seule stratégie fiable.