Rifampicine pour les infections à mycobactéries non tuberculeuses : guide complet
                                                sept., 16 2025
                        Calculateur de dose de rifampicine
La dose standard est de 10 mg/kg/jour. La dose maximale est de 600 mg/jour. En cas d'insuffisance hépatique préexistante, réduire la dose à 5 mg/kg/jour.
Résumé rapide
- La rifampicine est un pilier du traitement des infections à mycobactéries non tuberculeuses (NTM).
 - Les principales espèces NTM sont le complexe Mycobacterium avium (MAC) et Mycobacterium abscessus.
 - Posologie standard : 10 mg/kg/j, souvent combinée à l’éthambutol et à une macrolide.
 - Surveillance hépatique et des interactions médicamenteuses est indispensable.
 - Un suivi microbiologique régulier permet d’ajuster la durée du traitement (12‑18 mois après culture négative).
 
Qu’est‑ce que la rifampicine un antibiotique de la classe des rifamycines, actif contre les bactéries à paroi riche en mycolates ?
Développée dans les années 1970, la rifampicine agit en inhibant l’ARN polymérase bactérienne, ce qui stoppe la synthèse d’ARN messager. Bien que son usage premier soit la tuberculose, elle possède une activité fiable contre plusieurs mycobactéries non tuberculeuses, surtout lorsqu’elle est associée à d’autres principes.
NTM : panorama des espèces responsables
Les mycobactéries non tuberculeuses un groupe de mycobactéries environnementales qui ne causent pas la tuberculose mais peuvent provoquer des infections pulmonaires, cutanées ou systémiques sont très diversifiées. Les deux groupes qui reviennent le plus souvent en pratique clinique sont :
- Complexe Mycobacterium avium (MAC) : cause fréquente de bronchiectasies et d’infections disséminées chez les patients immunodéprimés.
 - Mycobacterium abscessus : reconnue pour sa résistance aux antibiotiques et ses infections cutanées post‑chirurgicales.
 
D’autres espèces comme M. kansasii, M. chelonae ou M. fortuitum sont moins fréquentes mais requièrent des schémas spécifiques.
Pourquoi la rifampicine reste‑elle clé dans le traitement ?
Plusieurs raisons expliquent son rôle de premier plan :
- Activité in vitro élevée contre la plupart des MAC et une partie du M. abscessus sous forme subspecies abscessus.
 - Bonne pénétration tissulaire, notamment dans les poumons et les macrophages où les NTM se nichent.
 - Effet synergique lorsqu’elle est combinée avec une macrolide (clarithromycine ou azithromycine) et l’éthambutol.
 
Les directives ATS/IDSA (2022) recommandent un schéma tripartite (rifampicine + éthambutol + macrolide) comme point de départ pour les MAC, ajusté en fonction des résultats d’antibiogramme.
Posologie, suivi et interactions
La dose standard de rifampicine chez l’adulte est de 10 mg/kg/j, jusqu’à 600 mg/j selon la tolérance. Chez les enfants, la dose varie entre 10 et 20 mg/kg/j, toujours surveillée par le bilan hépatique.
Suivi recommandé :
- Tests hépatiques (ASAT, ALAT, bilirubine) avant le début et toutes les 2 semaines les 2 premiers mois, puis mensuellement.
 - Mesure du niveau sérique de rifampicine si la pharmacocinétique est douteuse (ex : insuffisance hépatique).
 - Cultures de crachats toutes les 2‑3 mois pour vérifier la conversion microbiologique.
 
Les interactions majeures proviennent du fait que la rifampicine induit fortement les enzymes du cytochrome P450 : anticoagulants (warfarine), antirétroviraux, contraceptifs oraux et certains antifongiques peuvent perdre en efficacité. Informer le patient et ajuster les doses de ces co‑médicaments est essentiel.
Comparaison avec d’autres molécules
| Antibiotique | Spectre NTM | Voie d’administration | Principales toxicités | 
|---|---|---|---|
| Rifampicine | MAC, certaines souches de M. abscessus | Orale | Hépatite, interactions médicamenteuses | 
| Clarithromycine | MAC, M. abscessus (sous‑espèce) | Orale | QT allongé, gastrite | 
| Azithromycine | MAC, M. abscessus | Orale / IV | Diarrhée, hépatite | 
| Amikacine | M. abscessus, M. fortuitum | IV | Néphrotoxicité, ototoxicité | 
En pratique, la rifampicine est rarement utilisée seule ; elle agit comme un « ciment » qui permet aux macrolides d’être plus efficaces. L’amikacine, bien qu’efficace contre M. abscessus, nécessite une administration intraveineuse et un suivi rénal rigoureux.
Gestion des effets indésirables
Les effets indésirables les plus fréquemment signalés sont :
- Hépatite aiguë (élévation > 3 fois la normale des transaminases) : suspendre le traitement et reprendre à dose réduite si les enzymes redescendent.
 - Réaction cutanée (érythème, pruritus) : antihistaminiques, parfois arrêt complet.
 - Distorsion du goût (goût de goudron) : conseil de prise avec le repas pour atténuer.
 
En cas d’insuffisance hépatique pré‑existante, réduire la dose initiale à 5 mg/kg/j et surveiller de façon hebdomadaire pendant le premier mois.
Bonnes pratiques cliniques
Voici un petit checklist que vous pouvez garder sur votre bureau :
- Confirmer l’espèce NTM par PCR ou séquençage ; éviter les traitements empiriques prolongés.
 - Obtenir un antibiogramme avant d’entamer le schéma tripartite.
 - Informer le patient des interactions avec contraceptifs oraux et anticoagulants.
 - Planifier un suivi hépatique toutes les deux semaines pendant les deux premiers mois.
 - Continuer le traitement pendant au moins 12 mois après la première culture négative.
 
Ces étapes aident à réduire les rechutes, à limiter la résistance et à améliorer la qualité de vie du patient.
FAQ
La rifampicine peut‑elle être utilisée pendant la grossesse ?
Les données sont limitées, mais la plupart des recommandations classent la rifampicine comme catégorie C. Elle n’est pas strictement contre‑indiquée, mais le risque doit être placé en balance avec le bénéfice pour la mère.
Quel est le rôle de l’éthambutol dans le schéma thérapeutique ?
L’éthambutol agit comme un inhibiteur de la synthèse de la paroi cellulaire. En combinaison avec la rifampicine, il prévient l’émergence de résistances et augmente l’efficacité globale.
Comment différencier une infection à MAC d’une maladie pulmonaire obstructionnelle chronique ?
Le diagnostic repose sur l’identification de la bactérie dans deux expectorations séparées ou dans une biopsie, associée à des images CT typiques (nodules, cavités). Les marqueurs sériques sont peu utiles.
Quel suivi microbiologique est recommandé pendant le traitement ?
Des cultures de crachats toutes les 6‑8 semaines permettent de vérifier la conversion négative. En cas de persistance, on re‑évalue l’antibiogramme et on ajuste le régime.
Existe‑t‑il des alternatives sans rifampicine pour les patients intolérants ?
Oui : on peut utiliser la rifabutin (moins hépatotoxique) ou augmenter la dose de macrolide + éthambutol. Cependant, l’efficacité peut être légèrement inférieure, d’où la nécessité d’un suivi rapproché.