Tramadol et risque de crise d'épilepsie : qui est le plus à risque ?
nov., 25 2025
Calculateur de risque de crise épileptique
Évaluez votre risque de crise épileptique
Ce calculateur est basé sur les données scientifiques de l'article. Il évalue votre risque de crise épileptique en fonction de votre situation médicale et des médicaments que vous prenez avec le tramadol.
(Exemples : fluoxétine, paroxétine, amitriptyline, bupropion)
Le tramadol est souvent perçu comme un analgésique plus doux que les opioïdes forts, mais derrière cette réputation se cache un risque grave et sous-estimé : les crises d’épilepsie. Même à doses thérapeutiques, il peut déclencher des convulsions - et certains groupes de personnes sont bien plus vulnérables que d’autres. Ce n’est pas une question de surdose ou d’abus. C’est une réaction biologique prévisible, liée à la façon dont le corps traite le médicament, à d’autres médicaments pris en même temps, ou à des conditions médicales déjà présentes.
Qui est vraiment à risque ?
Les données montrent que les personnes les plus à risque ne sont pas toujours celles qu’on imagine. Un patient âgé de 72 ans, sous sertraline pour la dépression, qui prend 100 mg de tramadol deux fois par jour pour ses douleurs lombaires, n’a pas l’air d’être en danger. Pourtant, ce scénario est l’un des plus courants pour déclencher une crise. La combinaison du tramadol avec certains antidépresseurs - notamment les ISRS comme la fluoxétine ou la paroxétine, ou les antidépresseurs tricycliques comme l’amitriptyline - bloque une enzyme clé appelée CYP2D6. Cette enzyme est nécessaire pour transformer le tramadol en son métabolite actif, qui soulage la douleur. Quand elle est inhibée, le tramadol non transformé s’accumule dans le sang. Et ce tramadol non métabolisé a un seuil plus bas pour provoquer des crises.
Une étude majeure publiée en 2023 dans Neurology, basée sur 10 ans de données médicales de plus de 70 000 personnes âgées de 65 ans et plus, a révélé que le risque de crise augmentait de 9 % lorsque le tramadol était pris avec un antidépresseur inhibiteur du CYP2D6, comparé à un antidépresseur qui ne l’interfère pas. Ce n’est pas une petite différence. Dans une population de 100 personnes âgées sur cette combinaison pendant un an, cela signifie environ deux crises supplémentaires - des crises évitables.
Les antécédents d’épilepsie : un facteur critique
Si vous avez déjà eu une crise d’épilepsie, même une seule fois dans votre vie, prendre du tramadol peut être extrêmement dangereux. Une étude de 2019 sur 167 patients admis aux urgences après une intoxication au tramadol a montré que ceux avec un historique d’épilepsie avaient 3,7 fois plus de chances de faire une crise que les autres. Ce n’est pas une question de dose. Même 50 mg peuvent suffire à déclencher une crise chez quelqu’un dont le cerveau est déjà prédisposé à l’hyperexcitabilité électrique.
Des cas rapportés dans les bases de données de signalement des effets indésirables en Nouvelle-Zélande confirment cela : une patiente atteinte d’épilepsie a vu sa fréquence des crises doubler en moins de 24 heures après avoir commencé du tramadol à 400 mg par jour. Son neurologue ne lui avait pas parlé du risque. Elle n’était pas en surdose. Elle suivait simplement les instructions de son médecin.
Les vieux adultes : un groupe à risque négligé
Les personnes âgées ne métabolisent pas les médicaments comme les jeunes. Leur foie et leurs reins fonctionnent moins bien. Leur cerveau est plus sensible aux perturbations chimiques. Pourtant, le tramadol est encore largement prescrit aux seniors pour les douleurs chroniques - souvent parce qu’il est considéré comme « plus sûr » que la morphine ou l’oxycodone.
La vérité est que les recommandations ont changé. En 2022, la FDA a abaissé la dose maximale quotidienne recommandée pour les adultes de 400 mg à 300 mg, surtout pour les personnes ayant une fonction rénale réduite. En 2023, l’American Geriatrics Society a inclus le tramadol dans sa liste des médicaments potentiellement inappropriés pour les personnes âgées - exactement pour ce risque de crise.
Les doses habituelles deviennent des doses toxiques. Un patient de 70 ans avec une clairance rénale de 45 mL/min devrait prendre au maximum 300 mg par jour - et encore, cela doit être surveillé. Beaucoup de médecins ne vérifient même pas la fonction rénale avant de prescrire. Et pourtant, un simple test de créatinine dans le sang pourrait éviter des crises.
Les jeunes adultes et les abus : un autre profil de risque
Les données d’urgences en Iran et en France montrent un autre groupe à risque : les jeunes adultes, souvent des hommes, qui prennent du tramadol pour son effet euphorisant ou pour se soigner eux-mêmes après un accident. Une étude de 2019 a révélé que 85 % des patients admis aux urgences avec une crise liée au tramadol étaient des hommes âgés de 13 à 45 ans. Leur dose médiane était de 2 800 mg - presque sept fois la dose maximale recommandée.
Ces crises surviennent souvent dans les six heures suivant la prise, avec un pic à environ 2,5 heures. Elles sont généralement des crises tonico-cloniques généralisées : perte de conscience, secousses violentes, morsure de la langue, incontinence. Ce n’est pas une simple étourdissement. C’est une urgence médicale.
Et ce n’est pas seulement la dose qui compte. Les personnes qui consomment du tramadol avec de l’alcool, des benzodiazépines ou d’autres substances qui abaissent le seuil des crises - comme certains antipsychotiques - multiplient leur risque de manière exponentielle.
Comment éviter une crise ?
Si vous ou un proche prenez du tramadol, voici ce qu’il faut faire :
- Ne jamais dépasser 300 mg par jour - surtout après 65 ans ou si vous avez des problèmes rénaux.
- Évitez les antidépresseurs qui bloquent le CYP2D6 : fluoxétine, paroxétine, bupropion, amitriptyline, clomipramine. Privilégiez la citalopram ou l’escitalopram si vous avez besoin d’un antidépresseur.
- Parlez à votre médecin si vous avez déjà eu une crise - même si c’était il y a 20 ans.
- Ne mélangez pas avec de l’alcool, des somnifères ou des anxiolytiques.
- Exigez un test de fonction rénale avant de commencer ou de prolonger le traitement.
Il existe des alternatives bien plus sûres pour la douleur chronique : le paracétamol, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (quand les reins le permettent), la physiothérapie, ou même certains traitements nerveux comme la TENS. Le tramadol n’est pas la première option - il devrait être la dernière.
Les signaux d’alerte à ne pas ignorer
Une crise ne vient pas toujours sans avertissement. Certains patients décrivent une sensation de « décalage » dans la tête, des étourdissements soudains, des visions floues, ou une agitation inexplicable juste avant une crise. Si vous ressentez ces symptômes après avoir pris du tramadol, arrêtez le médicament et consultez immédiatement un médecin. Ne les ignorez pas. Ne pensez pas que c’est « juste une mauvaise réaction ».
Un patient de 32 ans sur Reddit a écrit : « Mon neurologue n’a jamais mentionné le risque de crise quand il a ajouté le tramadol à ma sertraline. J’ai eu ma première crise à 32 ans. Aujourd’hui, je prends des médicaments antiépileptiques pour le restant de ma vie. » Ce n’est pas une histoire rare. C’est une conséquence directe d’un manque de communication médicale.
Que faire si vous êtes déjà sur cette combinaison ?
Si vous prenez déjà du tramadol avec un antidépresseur inhibiteur du CYP2D6, ne l’arrêtez pas brusquement. Cela peut provoquer des symptômes de sevrage ou aggraver la douleur. Parlez à votre médecin ou à votre pharmacien. Il existe des stratégies sûres pour remplacer l’un ou l’autre médicament. Par exemple, remplacer la fluoxétine par la citalopram peut réduire le risque de crise sans sacrifier l’efficacité contre la dépression.
Le pharmacien est souvent le dernier rempart avant une crise. Beaucoup de patients ne savent pas qu’un pharmacien peut identifier ce risque - et qu’il est obligé de vous alerter. Si votre pharmacien ne vous en parle pas, demandez-le directement : « Est-ce que le tramadol que je prends peut provoquer des crises avec mes autres médicaments ? »
Le futur : des tests génétiques pour éviter les crises
Une nouvelle piste prometteuse est l’analyse génétique du CYP2D6. Certaines personnes sont des « métaboliseurs lents » : leur corps ne transforme pas bien le tramadol, même à faible dose. D’autres sont des « métaboliseurs ultrarapides » : elles produisent trop de métabolite actif, ce qui augmente le risque de dépendance. Une étude de l’Université de Toronto en 2023 a montré que les métaboliseurs lents ont jusqu’à 3,2 fois plus de tramadol non transformé dans le sang que les autres, à dose identique.
Ce test existe déjà. Il est peu coûteux. Il pourrait être fait avant toute prescription de tramadol - surtout chez les personnes âgées ou celles sous antidépresseurs. Mais il n’est pas encore standard. Il faut que les patients demandent. Il faut que les médecins l’acceptent.
Le tramadol peut-il provoquer une crise même à faible dose ?
Oui. Même à la dose minimale de 50 mg, le tramadol peut déclencher une crise chez les personnes vulnérables - notamment celles ayant un antécédent d’épilepsie, celles qui prennent certains antidépresseurs (comme la fluoxétine ou l’amitriptyline), ou celles ayant une fonction rénale réduite. Ce n’est pas une question de surdose, mais de sensibilité individuelle et d’interactions médicamenteuses.
Quels antidépresseurs sont les plus dangereux avec le tramadol ?
Les antidépresseurs qui bloquent l’enzyme CYP2D6 sont les plus dangereux : la fluoxétine (Prozac), la paroxétine (Paxil), le bupropion (Wellbutrin), et les antidépresseurs tricycliques comme l’amitriptyline ou la clomipramine. Ces médicaments empêchent le corps de métaboliser correctement le tramadol, ce qui augmente la concentration de la substance non transformée dans le sang - celle qui provoque les crises. Des alternatives plus sûres incluent la citalopram (Celexa) et l’escitalopram (Lexapro).
Les personnes âgées doivent-elles éviter le tramadol ?
L’American Geriatrics Society recommande d’éviter le tramadol chez les personnes âgées à cause du risque accru de crises et d’effets secondaires neurologiques. Si aucune autre option n’est possible, la dose doit être réduite à 300 mg par jour maximum, et la fonction rénale doit être vérifiée. Des alternatives comme le paracétamol ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (si les reins le permettent) sont préférables.
Combien de temps après la prise du tramadol une crise peut-elle survenir ?
Les crises surviennent généralement dans les six heures suivant la prise, avec un pic moyen à environ 2,5 heures. Dans les cas d’overdose, elles peuvent apparaître en moins de 30 minutes. C’est pourquoi les urgences surveillent étroitement les patients pendant les six premières heures après une prise suspecte.
Le tramadol est-il interdit pour les personnes épileptiques ?
Il n’est pas officiellement interdit, mais il est fortement déconseillé - et souvent contre-indiqué. Les directives médicales actuelles considèrent le tramadol comme un médicament à éviter chez les personnes ayant un antécédent d’épilepsie, même ancien. Le risque de déclencher une nouvelle crise est trop élevé. Des alternatives plus sûres existent et doivent être explorées en premier.
Que faire maintenant ?
Si vous prenez du tramadol, vérifiez la liste de vos médicaments. Est-ce que vous avez un antidépresseur ? Un antipsychotique ? Un somnifère ? Un traitement pour l’alcoolisme ? Si oui, demandez à votre médecin ou à votre pharmacien : « Ce médicament peut-il augmenter le risque de crise avec le tramadol ? »
Ne laissez pas la peur vous empêcher de parler. La plupart des crises liées au tramadol sont évitables - si les informations sont partagées. Votre vie peut dépendre d’une simple question.